Promenade à Châteauneuf

Distance de marche : 10 km ; Temps de marche : 3 hr

Sur un 1er novembre férié, quelle meilleure idée que de se promener dans le vignoble. Nous avons choisi le village de Châteauneuf-du-Pape. Ce village connu pour sa viticulture devrait également être mieux connu pour ses paysages et son patrimoine historique – d’abord le château lui même – dominant le village. Ce château construit à partir de 1317 a une histoire extrêmement mouvementée. Choyé par le Papes lors de leur présence en Avignon, le château a été vendu, abandonné, occupé par les huguenots (XVIe siècle) et les allemands (XXe siècle). Ce sont ces derniers qui, partant en 1944, ont fait exploser un dépôt de munitions laissant le château avec son aspect d’aujourd’hui (un grand mur debout face au sud et l’intérieur de donjon exposé côté nord.)

le côté éventré du donjon

Notre circuit part du parking de la place de la Renaissance à Châteauneuf (marché le vendredi) et circule à travers la ville pour arriver au château au sommet de la colline. Après avoir contourné le château on évolue en descendant à travers le vignoble pour arriver dans la plaine du Rhône. Là, après quelques kilomètres on arrive devant un autre château, celui de l’Hers. Ce château, que l’on pourrait qualifier de château vieux « du Pape » comporte un donjon de bonne facture et un mur de forteresse encore debout au sommet d’un rocher pile au bord du Rhône. Le château était sur une île au milieu du Rhône semble-t-il. Aujourd’hui sa position sur l’ile de l’Oiselet apparait etre bien collée sur la rive gauche du fleuve. Anecdote curieuse – le château était une enclave du Languedoc sur la rive gauche de Rhône au moyen âge mais maintenant est bien situé dans le département de Vaucluse. La propriété, privée aujourd’hui, servait autrefois à surveiller le passage du Rhône et collecter les droits de passage. (Comment se financer au moyen âge autrement ?)

Château de l’Hers


Après un coup d’œil par dessus la digue du Rhône – pas en crue ce jour – nous longeons longtemps la rive gauche du bras mineur du Rhone, passons devant d’anciens fours à chaux et bifurquons directement vers le village. Sur ce dernier passage il y de très beaux coups d’œil sur le village de Châteauneuf avec le Mont Ventoux en toile de fond.


Si vous aimez le vin, vous l’aimerez peut-être encore plus après avoir vu, sur ce circuit, les très beaux paysages de vignoble, les terres de calcaire blanc, les rangées de vigne enherbées, la floraison de la roquette sauvage entre les rangs et le tout sous le ciel bleu de Provence.

Balazuc et Viel Audon

Distance de marche : 7.5 km ; Temps de marche : 3h30

Balazuc est un village pittoresque situé sur une colline rocheuse surplombant la rive gauche de l’Ardèche, non loin d’Aubenas et à environ 100 km au nord de Nîmes.

Village de Balazuc
Village de Balazuc


Ce sentier part d’un parking situé à l’extrémité haute du village, à côté de la ” Tour Carré “. Nous déambulons dans les vieilles rues du village, en essayant de nous repérer, et nous tombons sur diverses curiosités, dont la reproduction d’un ancien sarcophage découvert près de Balazuc. (qui, comme la plupart des autres artefacts historiques de valeur, est entreposé dans un musée de grande ville quelque part). Nous nous dirigeons vers le (seul) pont sur l’Ardèche et le meilleur moyen de le trouver est de toujours choisir le chemin descendant. Le village est très calme en hiver et pittoresque sous la lumière hivernale. (à condition que le soleil brille). Le village est beaucoup plus animé en été.



Finalement, nous traversons le pont et tournons à gauche pour suivre un sentier le long de la rivière jusqu’au hameau autrefois silencieux du Viel Audon. Ce lieu, situé face à la rivière Ardèche et niché sous une falaise de bonne taille, n’est pas accessible par la route et, à un moment donné au cours du 19e ou au début du 20e siècle, ses derniers habitants sont partis vers d’autres lieux. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le hameau a été ramené à la vie par des citoyens locaux dévoués qui ont créé une association visant à reconstruire le village. Depuis une quarantaine d’années, le village s’anime au printemps et en été grâce à des étudiants et des groupes de jeunes venus de toute l’Europe et d’ailleurs pour vivre et travailler sur des projets de restauration.


En cette journée d’hiver, nous avons vu quelques chèvres et peu de randonneurs.

Nous grimpons ensuite le sentier de la calade jusqu’au sommet du plateau et entamons une boucle de 4 à 5 km dans le sens des aiguilles d’une montre, qui nous ramène à nouveau sur les rives de l’Ardèche. Le paysage du plateau est un véritable chaos de buis, de chênes rouvres et de roches calcaires créées par l’érosion différentielle du calcaire dur et du calcaire tendre. Ce plateau s’étend, en fait, sur environ 50 km dans une orientation NE-SW. Il n’y a que des rochers et des arbres. La terre est en grande partie impropre à la culture, mais elle a été utilisée à diverses époques pour le pâturage du bétail. Quelques maisons sont éparpillées dans la végétation. Beaucoup d’entre elles doivent être “hors réseau” : pas d’eau ou d’électricité municipale, toilettes extérieures en sciure de bois, accès par une route étroite peu carrossable etc.


À mi-chemin sur le sentier du plateau, nous passons derrière la tour de guet circulaire. Cette tour se trouve sur la rive droite de l’Ardèche et servait autrefois à surveiller une des voies d’accès principale à Balazuc.

De retour au bord de la rivière, nous traversons le pont et montons dans le village par un autre chemin en admirant les vieilles maisons, les anciennes fortifications et l’église avec un clocher à peigne (sans cloche).


L’hiver est le meilleur moment pour la photographie, car la lumière crue offre un grand contraste et des contours nets. Ce jour-là, nous n’avons pas eu cette chance – quelques rayons de soleil, mais surtout un ciel terne et nuageux.

Pour ce circuit, des bâtons de marche et des chaussures de randonnée solides vous aideront à vaincre les gros rochers calcaires qui jonchent la majeure partie de l’itinéraire.



La draille de Rouveyrac

Distance de marche : 10 km ; Temps de marche : 03:30

Mon premier passage sur ce sentier était en 2010. Le chemin était en bon état passant par quelques beaux points de vue et par un village de montagne pittoresque. Le départ, devant l’ancienne gare de Thoiras, maintenant convertie en restaurant, est assez facile à trouver. Contourner la gare, traverser les voies et monter par un chemin carrossable sur quelques centaines de mètres avant d’attaquer, à gauche, un chemin empierré en montant.

En 2022, ce chemin est en assez mauvais état mais les randonneurs du Gard sont habitués à ce genre de sentier. Le Gard c’est les cailloux partout – dit-on.

fin de randonnée, arrivée à la gare de Thoiras-la-Plaine

Au point le plus haut du chemin, après quelques kilomètres, les affaires se corsent. Panneaux de signalisation avertissant de ne pas cueillir des plantes : cela doit être vrai surtout pour les champignons, connus pour concentrer les polluants. Site pollué aux métaux lourds ! Ici on est à proximité de la Mine de la Vieille Montagne, abandonnée et grave source de pollution. La concession minière concernait 4 communes dont Thoiras, point de départ de ce circuit, et Saint-Félix de Pallières.

Dans cette mine, jusqu’en 1971 l’on faisait l’extraction de plomb, zinc, et argent. Après, le lieu a été abandonné sans effort de réhabilitation. Pendant des années, rien. Tout juste les enfants du village de St-Félix qui jouaient dans le crassier. Puis la compréhension des dangers de ce site commence à croître. Finalement en 2008 un rapport commandité par le ministère de l’environnement reconnaît une pollution importante en métaux lourds. A partir de 2010 une association (ADAMVM) se saisit du dossier.

Il y a eu depuis maintes rebondissements: études, travaux, enquêtes, procès.. Le propriétaire du site, Umicore, a été obligé d’installer une digue pour limiter le ruissellement du crassier vers le ruisseau Paleyrolle. Mais dans les Cévennes en automne il y a des “épisodes cévenoles” – des pluies diluviennes. – et une digue ne peut pas toujours arreter les debordements. Si vous y passez à côté du ruisseau, regardez la couleur bizarre des eaux du ruisseau – orange, rouge, rouille.

En 2016 une plainte a été déposée pour la mise en danger de la vie d’autrui et empoisonnement des eaux. En 2020 la justice a émis un avis de classement sans suite. Ce malgré que l’état avait déjà confirmé une pollution importante et obligé des travaux, malgré que des habitants vivant à proximité, testés, présentent une contamination significative des urines aux métaux lourds (cadmium, arsenic et plomb).

Certains habitants sont pris au piège car c’est impossible selon les secteurs de vendre sa maison et de déménager.…

le terre-plein de la mine en 2010

Le plus triste ? Le terre-plein de l’ancienne mine sert de campement pour des gens du voyage. En 2010, j’ai vu plein d’enfants. En 2022 un peu moins. Mais des personnes continuent de vivre sur place et, parait-il, faire des rave-parties de temps en temps.

Randonner dans les Cévennes : c’est presque toujours magnifique . Pas ici.

Vignobles et camisards

Distance de marche : km ; Temps de marche :

l’éolienne de Valence

Le village de Castelnau-Valence est entouré de dizaines d’hectares de vignoble – parfois jusqu’à l’horizon. Par une journée ensoleillée d’automne, on se régale des couleurs et des contrastes.

Mais Castelnau est aussi le site d’un incident tragique de l’histoire du pays lors de la guerre des Camisards au début du 18e siècle.

En 1685, le roi Louis XIV, suite à un regain de ferveur catholique, a décidé d’en finir avec la tolérance officielle dont jouissait les Calvinistes (ou huguenots). Le décret du roi de cette année – la révocation de l’édit de Nantes – interdisait la pratique de la religion dite reformée, appelait à la destruction des temples et à la fermeture des écoles confessionnelles. Tout huguenot pris dans la célébration de sa religion était sujet à la confiscation des biens, l’emprisonnement, voire la mise à mort.

Vers 1700, dans les Cévennes où l’on était farouchement Calviniste et pratiquait les rites en secret, la persécution devenait intolérable. Des bandes de jeunes hommes, les Camisards, sont entrés en résistance armée et attaquaient les troupes du roi, les villages catholiques, et d’autres symboles du pouvoir répressif. Toute la zone entre l’Uzège et les hautes Cévennes a connu escarmouches, batailles et exactions de part et d’autre.

Castelnau

Pierre Laporte, né à Mialet, était prédicateur, calviniste et un bon chef de guerre. A la tête d’une bande de résistants, il a conduit de multiples attaques et batailles entre 1699 et 1704. A partir du printemps de 1704 cependant, plusieurs autres chefs camisards, de guerre lasse, avaient décidé de pactiser avec le pouvoir royal, poser les armes et partir en exile. Pas Pierre Laporte. Il devait continuer la résistance jusqu’au jour en août 1704 où il se reposait au Château de Castelnau et sa présence clandestine a été portée à la connaissance d’une troupe royale stationnée à proximité. Lorsque les troupes arrivent à Castelnau, Laporte était déjà parti mais, n’ayant pas assez d’avance sur ces poursuivants, il a été attrapé et assassiné dans une vallée proche du château. Le mémorial à Pierre Laporte se trouve à proximité du site de sa mort.

Ce circuit débute au terrain de jeu de Valence et passe à côté d’une grande éolienne, que construite au 19e sur un bon puits, fournissait de l’eau aux fontaines publiques des villages de Saint-Dezery et de Valence tout proche. Vers 1940, des pompes électriques venaient remplacer la force du vent et à partir de 1956 l’exploitation du puits cesse et les pompes sont démontées.

Le bâtiment et l’éolienne sont bien préservés suite à une rénovation récente.

Au delà de l’éolienne, le circuit traverse des hectares de vignoble avant d’arriver devant le mémorial de Pierre Laporte. Ensuite, en périmètre sud du domaine de Castelnau, l’on peut observer un arbre remarquable – un cade que l’on croit millénaire. Les cades sont très présents dans le maquis des garrigues, mais c’est très rare de voir un spécimen de cette taille et cette âge.

Plus loin, au sommet d’une côte, on voit à gauche le château de Castelnau, site de l’incident d’histoire décrit plus haut.

Mémorial Pierre Laporte