La mer des rochers

Distance de marche : 6 km ; Temps de marche : 2h

Dans la région Languedoc/Cévennes les chaos rocheux sont très présents. On pense au site de Montpellier-le-Vieux prés de Millau, le cirque de Mourèze dans l’Hérault, le bois de Païolive près des Vans dans le Gard. Pour être les plus connus, ce sont loin d’être les seuls. Sur des promenades dans le Coutach près de Sauve, sur plateau du Granzon à Banne, près de la grotte de la Cocalière, ou sur le plateau des Gras en face de Balazuc on chemine souvent dans ces paysages étranges.

La mer des rochers près de Sauve est un chaos rocheux avec une histoire d’exploitation agricole. Comment exploiter ? Il faut épierrer les (rares) cuvettes, ajouter des murets par-ci et là pour retenir la terre. Puis planter. A la mer des rochers – très accessible depuis les hauteurs du vieux centre du village – l’exploitation a été intense jusqu’au 19e siècle puis abandonnée progressivement par la suite. Il ne reste que les murets, les portails sans porte, et les chemins de randonnée. Témoin de la richesse passée il y a aussi un castellas et le château de Rocqueviaire (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Roquevaire

Pour ce petit circuit nous laissons le voiture dans le parking au bord de la D999 en contrebas du vieux village de Sauve et partons d’abord à la découverte de la fontaine et du vieux village.

La « fontaine » mériterait un article à elle toute seule. Il s’agit d’une rivière qui jaillit au pied d’une barre rocheuse. Cette rivière, ce sont les eaux de la Vidourle qui coule en contrebas. Ces eaux ont pris un chemin détourné dans le sous-sol calcaire depuis la « perte » du Vidourle près du château ruiné de la Roquette (St-Hippolyte-du-Fort). Néanmoins le jaillissement varie avec les saisons. En février 2025 après les fortes pluies du début de l’année, la fontaine coule et gronde. Mais en été la fontaine peut être très calme.

Ensuite on aborde la montée à travers le vieux village où on peut observer différentes édifices, là aussi, témoins de richesse passée (hôtel de la monnaie, mairie, tour d’horloge).


En haut du village un chemin d’abord en calade mène en lacets au plateau. Ce jour nous avons fait la boucle en sens inverse en partant à gauche a la premiere intersection sur le plateau. En suivant le circuit on peut observer le château de Rocqueviaire, puis l’aven de Sauve (attention aux abords – gouffre non clôturé). Ce jour nous n’avons pas pu se rendre à la Grotte de Diou-lou-Garde car le propriétaire a posé une chaîne à travers le chemin. Oui il y a toujours des propriétés privées dans la mer des rochers. Jusque-là les chemins sont assez faciles.

Au dernier quart de la boucle cependant, après avoir observé le cadran solaire, on crapahute à travers le chaos rocheux en mettant les mains souvent pour grimper ou descendre.

Et pour finir on redescend à travers le vieux village pour retrouver la voiture.

La meunerie de Barbegal

Distance de marche : 10.4 km ; Temps de marche : 4h

De Fontvieille dans les Bouches du Rhône on connaît surtout les moulins : le moulin de Daudet en particulier. Ce moulin ne lui a jamais appartenu mais il s’en est inspiré dans ses écrits. En fait Daudet séjournait fréquemment au Château de Montauban tout près de ce moulin et le connaissait certainement.

Pour ce circuit cependant c’est plutôt un autre moulin qui attire l’attention et fascine.

Il s’agit du moulin ou la meunerie de Barbegal – sur la commune de Fontvieille et quelque 3 km au sud des moulins à vent de Fontvieille. La meunerie de Barbegal était un moulin à céréales datant de l’époque romaine et utilisant l’eau comme force motrice. Pour apporter l’eau les romains ont construit des aqueducs tantôt souterrains, tantôt aériens. Une branche puisait l’eau au nord des Alpilles prés d’Eygalières et longeait le côté nord du massif par Saint-Rémy-de-Provence puis Fontvieille. Cette branche de l’aqueduc contourne ensuite le petit massif de Fontvieille par l’ouest pour revenir vers l’est et le site de la meunerie. Un second aqueduc apportait l’eau du secteur du Paradou et Maussane. Ces 2 aqueducs se rejoignaient à quelque 400 m au nord du site de la meunerie. En continuation, deux aqueducs aériens en parallèle apportent l’eau à travers un petit vallon sur une distance de 300 m pour arriver au sommet de la colline sur laquelle se situe la meunerie. Là au sommet, une brèche taillée dans le rocher permet de faire arriver l’eau au versant sud de la colline où il y avait pas moins de 16 moulins (deux par niveau sur huit niveaux et un dénivelé d’environ 25 m). Côté moulin, l’eau, dérivée en 2 canaux, actionnait les roues à aube des moulins.

Des 2 aqueducs en parallèle il reste de beaux vestiges. De la meunerie il ne reste plus grande chose – juste assez pour alimenter l’imagination.

Pourquoi 2 aqueducs ? Celui du côté ouest est dérivé juste avant le moulin par un canal qui dessert Arles (distant de 7 km). Celui du côté est alimentait le moulin. A l’arrivée devant le moulin on voit des vestiges d’un système de régulation qui permettait certainement de prendre l’eau d’Arles ponctuellement pour le moulin et de basculer l’eau du moulin vers Arles dans les périodes de fermeture.

Il semble évident que ce moulin ne pouvait pas fonctionner toute l’année car il n’y aurait pas eu assez de céréales puis l’entretien devait poser un problème à cause des accrétions de calcaire dans les canaux.

Des chercheurs ont estimé que ce moulin pouvait développer une puissance équivalente à 50 kw. Ce serait même le plus grand déploiement de force hydraulique connue du monde antique.


Pour ce circuit nous laissons la voiture au croisement de la D82 et la route de Barbegal (lieu dit la Croix de Jousseaud). Il est également possible de laisser le véhicule au parking de l’aqueduc romain quelque 400 m plus loin sur la D82. La première partie du circuit va à la chasse de vestiges de l’aqueduc venant d’Egalières et Saint-Rémy. On trouve des tranchées, quelques entrées de canal souterrain et quelques petits aqueducs. Sur certaines sections on a l’impression que les aqueducs se développent sur des centaines de mètres en souterrain. Après quelques kilomètres le sentier bifurque vers le nord pour se rendre aux moulins à vent de Fontvieille. Sur ce circuit on peut en voir 4 (celui de Daudet, le moulin Roucou et 2 autres). Après le secteur des moulins nous repartons vers le sud pour retraverser le petit massif de Fontvieille sur des chemins bien entretenus et arrivons au canal de la Vallée de Baux. En février le canal est vide pour entretien – la mise en eau s’effectuant vers le début mars. Après avoir longé le canal, nous traversons ensuite la D82 pour se diriger au sud puis à l’ouest pour arriver au pied des vestiges de la meunerie. D’ici il faut grimper sur les cailloux et les dalles de calcaire pour atteindre le sommet et la coupe taillée dans le rocher pour le passage de l’eau. Au delà, les restes des 2 aqueducs se dévoilent.

Il ne reste plus qu’à prendre quelques photos et renter à la voiture.

Une mise en garde cependant. Si vous ou vos compagnons de marche ont des problèmes d’équilibre, il est conseillé d’attaquer la visite de la meunerie en arrivant côté nord depuis les aqueducs. L’escalade de la colline de la meunerie dans les ruines et sur les dalles de calcaire inclinées nécessite un pied sûr.

Promenade à Châteauneuf

Distance de marche : 10 km ; Temps de marche : 3 hr

Sur un 1er novembre férié, quelle meilleure idée que de se promener dans le vignoble. Nous avons choisi le village de Châteauneuf-du-Pape. Ce village connu pour sa viticulture devrait également être mieux connu pour ses paysages et son patrimoine historique – d’abord le château lui même – dominant le village. Ce château construit à partir de 1317 a une histoire extrêmement mouvementée. Choyé par le Papes lors de leur présence en Avignon, le château a été vendu, abandonné, occupé par les huguenots (XVIe siècle) et les allemands (XXe siècle). Ce sont ces derniers qui, partant en 1944, ont fait exploser un dépôt de munitions laissant le château avec son aspect d’aujourd’hui (un grand mur debout face au sud et l’intérieur de donjon exposé côté nord.)

le côté éventré du donjon

Notre circuit part du parking de la place de la Renaissance à Châteauneuf (marché le vendredi) et circule à travers la ville pour arriver au château au sommet de la colline. Après avoir contourné le château on évolue en descendant à travers le vignoble pour arriver dans la plaine du Rhône. Là, après quelques kilomètres on arrive devant un autre château, celui de l’Hers. Ce château, que l’on pourrait qualifier de château vieux « du Pape » comporte un donjon de bonne facture et un mur de forteresse encore debout au sommet d’un rocher pile au bord du Rhône. Le château était sur une île au milieu du Rhône semble-t-il. Aujourd’hui sa position sur l’ile de l’Oiselet apparait etre bien collée sur la rive gauche du fleuve. Anecdote curieuse – le château était une enclave du Languedoc sur la rive gauche de Rhône au moyen âge mais maintenant est bien situé dans le département de Vaucluse. La propriété, privée aujourd’hui, servait autrefois à surveiller le passage du Rhône et collecter les droits de passage. (Comment se financer au moyen âge autrement ?)

Château de l’Hers


Après un coup d’œil par dessus la digue du Rhône – pas en crue ce jour – nous longeons longtemps la rive gauche du bras mineur du Rhone, passons devant d’anciens fours à chaux et bifurquons directement vers le village. Sur ce dernier passage il y de très beaux coups d’œil sur le village de Châteauneuf avec le Mont Ventoux en toile de fond.


Si vous aimez le vin, vous l’aimerez peut-être encore plus après avoir vu, sur ce circuit, les très beaux paysages de vignoble, les terres de calcaire blanc, les rangées de vigne enherbées, la floraison de la roquette sauvage entre les rangs et le tout sous le ciel bleu de Provence.

Balazuc et Viel Audon

Distance de marche : 7.5 km ; Temps de marche : 3h30

Balazuc est un village pittoresque situé sur une colline rocheuse surplombant la rive gauche de l’Ardèche, non loin d’Aubenas et à environ 100 km au nord de Nîmes.

Village de Balazuc
Village de Balazuc


Ce sentier part d’un parking situé à l’extrémité haute du village, à côté de la ” Tour Carré “. Nous déambulons dans les vieilles rues du village, en essayant de nous repérer, et nous tombons sur diverses curiosités, dont la reproduction d’un ancien sarcophage découvert près de Balazuc. (qui, comme la plupart des autres artefacts historiques de valeur, est entreposé dans un musée de grande ville quelque part). Nous nous dirigeons vers le (seul) pont sur l’Ardèche et le meilleur moyen de le trouver est de toujours choisir le chemin descendant. Le village est très calme en hiver et pittoresque sous la lumière hivernale. (à condition que le soleil brille). Le village est beaucoup plus animé en été.



Finalement, nous traversons le pont et tournons à gauche pour suivre un sentier le long de la rivière jusqu’au hameau autrefois silencieux du Viel Audon. Ce lieu, situé face à la rivière Ardèche et niché sous une falaise de bonne taille, n’est pas accessible par la route et, à un moment donné au cours du 19e ou au début du 20e siècle, ses derniers habitants sont partis vers d’autres lieux. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le hameau a été ramené à la vie par des citoyens locaux dévoués qui ont créé une association visant à reconstruire le village. Depuis une quarantaine d’années, le village s’anime au printemps et en été grâce à des étudiants et des groupes de jeunes venus de toute l’Europe et d’ailleurs pour vivre et travailler sur des projets de restauration.


En cette journée d’hiver, nous avons vu quelques chèvres et peu de randonneurs.

Nous grimpons ensuite le sentier de la calade jusqu’au sommet du plateau et entamons une boucle de 4 à 5 km dans le sens des aiguilles d’une montre, qui nous ramène à nouveau sur les rives de l’Ardèche. Le paysage du plateau est un véritable chaos de buis, de chênes rouvres et de roches calcaires créées par l’érosion différentielle du calcaire dur et du calcaire tendre. Ce plateau s’étend, en fait, sur environ 50 km dans une orientation NE-SW. Il n’y a que des rochers et des arbres. La terre est en grande partie impropre à la culture, mais elle a été utilisée à diverses époques pour le pâturage du bétail. Quelques maisons sont éparpillées dans la végétation. Beaucoup d’entre elles doivent être “hors réseau” : pas d’eau ou d’électricité municipale, toilettes extérieures en sciure de bois, accès par une route étroite peu carrossable etc.


À mi-chemin sur le sentier du plateau, nous passons derrière la tour de guet circulaire. Cette tour se trouve sur la rive droite de l’Ardèche et servait autrefois à surveiller une des voies d’accès principale à Balazuc.

De retour au bord de la rivière, nous traversons le pont et montons dans le village par un autre chemin en admirant les vieilles maisons, les anciennes fortifications et l’église avec un clocher à peigne (sans cloche).


L’hiver est le meilleur moment pour la photographie, car la lumière crue offre un grand contraste et des contours nets. Ce jour-là, nous n’avons pas eu cette chance – quelques rayons de soleil, mais surtout un ciel terne et nuageux.

Pour ce circuit, des bâtons de marche et des chaussures de randonnée solides vous aideront à vaincre les gros rochers calcaires qui jonchent la majeure partie de l’itinéraire.