De Fontvieille dans les Bouches du Rhône on connaît surtout les moulins : le moulin de Daudet en particulier. Ce moulin ne lui a jamais appartenu mais il s’en est inspiré dans ses écrits. En fait Daudet séjournait fréquemment au Château de Montauban tout près de ce moulin et le connaissait certainement.
Pour ce circuit cependant c’est plutôt un autre moulin qui attire l’attention et fascine.
Il s’agit du moulin ou la meunerie de Barbegal – sur la commune de Fontvieille et quelque 3 km au sud des moulins à vent de Fontvieille. La meunerie de Barbegal était un moulin à céréales datant de l’époque romaine et utilisant l’eau comme force motrice. Pour apporter l’eau les romains ont construit des aqueducs tantôt souterrains, tantôt aériens. Une branche puisait l’eau au nord des Alpilles prés d’Eygalières et longeait le côté nord du massif par Saint-Rémy-de-Provence puis Fontvieille. Cette branche de l’aqueduc contourne ensuite le petit massif de Fontvieille par l’ouest pour revenir vers l’est et le site de la meunerie. Un second aqueduc apportait l’eau du secteur du Paradou et Maussane. Ces 2 aqueducs se rejoignaient à quelque 400 m au nord du site de la meunerie. En continuation, deux aqueducs aériens en parallèle apportent l’eau à travers un petit vallon sur une distance de 300 m pour arriver au sommet de la colline sur laquelle se situe la meunerie. Là au sommet, une brèche taillée dans le rocher permet de faire arriver l’eau au versant sud de la colline où il y avait pas moins de 16 moulins (deux par niveau sur huit niveaux et un dénivelé d’environ 25 m). Côté moulin, l’eau, dérivée en 2 canaux, actionnait les roues à aube des moulins.



Des 2 aqueducs en parallèle il reste de beaux vestiges. De la meunerie il ne reste plus grande chose – juste assez pour alimenter l’imagination.

Pourquoi 2 aqueducs ? Celui du côté ouest est dérivé juste avant le moulin par un canal qui dessert Arles (distant de 7 km). Celui du côté est alimentait le moulin. A l’arrivée devant le moulin on voit des vestiges d’un système de régulation qui permettait certainement de prendre l’eau d’Arles ponctuellement pour le moulin et de basculer l’eau du moulin vers Arles dans les périodes de fermeture.
Il semble évident que ce moulin ne pouvait pas fonctionner toute l’année car il n’y aurait pas eu assez de céréales puis l’entretien devait poser un problème à cause des accrétions de calcaire dans les canaux.



Des chercheurs ont estimé que ce moulin pouvait développer une puissance équivalente à 50 kw. Ce serait même le plus grand déploiement de force hydraulique connue du monde antique.
Pour ce circuit nous laissons la voiture au croisement de la D82 et la route de Barbegal (lieu dit la Croix de Jousseaud). Il est également possible de laisser le véhicule au parking de l’aqueduc romain quelque 400 m plus loin sur la D82. La première partie du circuit va à la chasse de vestiges de l’aqueduc venant d’Egalières et Saint-Rémy. On trouve des tranchées, quelques entrées de canal souterrain et quelques petits aqueducs. Sur certaines sections on a l’impression que les aqueducs se développent sur des centaines de mètres en souterrain. Après quelques kilomètres le sentier bifurque vers le nord pour se rendre aux moulins à vent de Fontvieille. Sur ce circuit on peut en voir 4 (celui de Daudet, le moulin Roucou et 2 autres). Après le secteur des moulins nous repartons vers le sud pour retraverser le petit massif de Fontvieille sur des chemins bien entretenus et arrivons au canal de la Vallée de Baux. En février le canal est vide pour entretien – la mise en eau s’effectuant vers le début mars. Après avoir longé le canal, nous traversons ensuite la D82 pour se diriger au sud puis à l’ouest pour arriver au pied des vestiges de la meunerie. D’ici il faut grimper sur les cailloux et les dalles de calcaire pour atteindre le sommet et la coupe taillée dans le rocher pour le passage de l’eau. Au delà, les restes des 2 aqueducs se dévoilent.





Il ne reste plus qu’à prendre quelques photos et renter à la voiture.
Une mise en garde cependant. Si vous ou vos compagnons de marche ont des problèmes d’équilibre, il est conseillé d’attaquer la visite de la meunerie en arrivant côté nord depuis les aqueducs. L’escalade de la colline de la meunerie dans les ruines et sur les dalles de calcaire inclinées nécessite un pied sûr.



