Chemins de fer de l’Uzège

Distance de marche : km ; Temps de marche :

Les sentiers décrits dans cet article permettent aux promeneurs intéressés de voir des vestiges des lignes de chemin de fer du 19e siècle entre Uzès et Alès. Ces vestiges sont nombreux et continue de servir : les emprises deviennent des axes routiers, les viaducs et les tunnels résistent, les entrepôts servent encore aux artisans et les gares revivent comme maisons privées.

Entre Serviers et Foissac, une maison de garde abandonnée
A la Bouscarrasse, il ne reste que des culées

Trois voies de chemin de fer traversaient le district de l’Uzège à partir du 19e siècle. Ce sont :

  • Une ligne de Beaucaire au Martinet. Celle-ci a été construite pour transporter du charbon de la vallée de l’Auzonnet vers le port du Rhône à Beaucaire. Autorisée en 1875, deux tronçons de la ligne œuvrent en 1880 : un premier d’Uzès à Remoulins et un second du Martinet aux Fumades. Ces tronçons pouvaient déjà servir d’embranchements à des services existants. En 1883, les sections manquantes ont complété la ligne qui transportait alors du fret, le charbon et des passagers.
  • Le trafic voyageurs a été suspendu en 1938 et les différentes sections ont été progressivement fermées jusqu’en 2006. En 2018, après la confirmation administrative de la fermeture, plusieurs sections de la ligne – notamment de Beaucaire à Uzès – ont été aménagées en pistes cyclables et piétonnes. Les sections de cette ligne explorées dans les itinéraires pédestres suivants, toutes à l’ouest d’Uzès, n’ont pas été réhabilitées.
  • Les ouvrages importants de génie civile du 19e siècle, encore visibles le long de l’emprise, comprennent les viaducs et les grands ponts pour piétons d’Euzet, et le tunnel ferroviaire de 400 m à Celas, tous deux visités par les itinéraires de randonnée ci-dessous.
  • Une ligne de Laudun-L’Ardoise à Alès : Contrairement aux 2 autres lignes, toutes deux accordées à l’opérateur ferroviaire Paris-Lyon-Méditerranée, cette concession a été accordée à l’entreprise ARM (Alais-Rhône-Méditerranée). En principe, il s’agissait de concurrencer l’exploitation du PLM en transportant des marchandises vers le Rhône par un itinéraire alternatif plus rapide.
  • Mais la logique commercial parait douteuse sachant que le terminus à Alès était en ville loin des mines de charbon. Et, bien que se terminant près de la gare PLM d’Alès, la ligne n’a pas été interconnectée avec les voies PLM. Après différentes péripéties, la ligne passe aux mains de la PLM, la grande gare de Conilhères est démolie et les dessertes ferment : les passagers en 1938 et le fret en 1954.
  • Lors de la réfection de la route départementale entre Bagnols et Alès vers 1968, l’on a choisi d’emprunter l’ancienne emprise de la voie ferré. La section de la route de Seynes à Brouzet, passant sous les falaises de Seynes, suit donc l’ancienne emprise. D’autres vestiges visibles incluent la gare de Saint-Laurent-la-Vernède – aujourd’hui une maison privée.
  • Une ligne de 18,9 km de la gare d’Uzès à Nozières reliant Uzès à l’axe principal des Cévennes (Nîmes par Alès à Clermont-Ferrand). Autorisée en 1875, la desserte des passagers a été ouverte en 1883. La ligne étant fermée aux passagers dès 1930 et inusitée, les rails ont été récupérés et fondus pendant la seconde guerre mondiale. La fermeture précoce de cette ligne suggère qu’elle n’a jamais été rentable.
  • Les principaux travaux d’ingénierie comprenaient un viaduc traversant la route entre Uzès et Arpaillargues et un pont sur le Gardon près de Moussac. Les fondations du pont de Moussac ont été réutilisées à la fin du XXe siècle pour construire un nouveau pont routier sur le Gardon.

La carte interactive ci-dessous indique l’emprise approximative de ces 3 lignes à l’ouest d’Uzès. A noter que les profils altimétriques ne tiennent pas correctement compte de l’altitude des voies dans les tunnels et sur les viaducs.

Les emprises

Portion de la ligne Laudun – Alès

Voie complète entre Uzès et Nozières

Portion de la ligne Beaucaire-Le Martinet

Les chemins de randonnée

Exploration de la ligne Beaucaire – Le Martinet :

Ces 3 circuits pédestres explorent des tronçons de la ligne de Beaucaire au Martinet. A l’ouest d’Uzès, la ligne traverse Montaren, Serviers, Foissac, Saint-Maurice, Euzet et Saint Just. Les ouvrages les plus importants sont les viaducs d’Euzet et le tunnel de Celas. Le sentier de randonnée de la Bouscarasse suit l’ancien tracé ferroviaire sur plusieurs kilomètres à travers une forêt humide où il est possible d’observer les nombreuses tranchées et remblais nécessaires pour traverser la zone. Le tunnel de Celas est praticable à pied (confirmée en 2021) mais la faible luminosité nécessite l’utilisation d’une lampe de poche ou frontale.


Exploration de la ligne d’Uzès à Nozières

La boucle ci-dessous commence au hameau d’Aureillac et après avoir traversé la forêt du serre d’Arpaillargues, atteint une passerelle au-dessus d’une profonde tranchée. Plus loin sur ce circuit, il est possible de voir un viaduc important au-dessus de la route principale Uzès-Arpaillargues (légèrement hors itinéraire). Le viaduc et la tranchée profonde qui la précède ont permis à la voie ferrée de grimper par une pente uniforme entre la gare d’Uzès et les (relatives) hauteurs d’Arpaillargues.


Une petite balade autour des vestiges de la ligne Laudun – Alès

Sur ce circuit, on peut observer une ancienne gare assez imposante devenue résidence privée. Tout près, la présence de plusieurs hangars semble indiquer une activité économique importante autour de la gare. A environ 2 km de cette gare, vers Saint-Laurent-la Vernède, se trouve une carrière d’ocre abandonnée. Est-ce que l’expédition d’ocres passait par la gare de Saint-Laurent ? Je n’ai pas trouvé la réponse.


Observer en marchant

Tunnel de Celas côté Alès
Tunnel de Celas côté Uzès

Dans de nombreux cas, l’ancienne voie ferrée a été convertie en route ou en piste parfois même en piste cyclable. Les anciennes gares, reconnaissables à leur style “chemin de fer” caractéristique du 19e siècle, sont encore utilisées presque partout comme habitations privées. Outre les gares, il y avait divers bâtiments techniques le long de ces voies – certains servaient de résidence aux gardes-barrières. Certains d’entre eux sont en ruine – un exemple est visible dans le quartier de Bouscarrasse. Les fondations des ponts ont été réutilisées pour des routes : une section importante de la D6 de Bagnols à Alès réutilise l’ancien emprise de la voie sous les falaises de Seynes. Dans d’autres cas, par exemple près de Maruéjols-les-Bois, le ballast a été enlevé et l’emprise de la voie n’est plus qu’un champs de boue. Dans certains cas, la voie ferrée passait au-dessus des routes. Pour ces petits viaducs, les culées sont souvent présentes mais le tablier du pont a disparu.

Les grands viaducs d’Euzet sont peu entretenus. Un jour, il pourra devenir impossible de passer par ces viaducs pour des raisons de sécurité. Le tunnel ferroviaire de Celas est praticable (avec une lampe de poche), mais il semble également être peu entretenu. Si une partie du toit du tunnel venait à s’effondrer, le tunnel serait certainement fermé. Le fait que ces ouvrages soient encore debout témoigne de la solidité des travaux d’ingénierie des années 1880. On se rappelle que la plupart de ces structures auraient été construites sans équipement motorisé de terrassement et de construction.

Les images présentées ont été prises en 2020 et 2021. L’auteur a parcouru ces chemins en 2021. Néanmoins un circuit de randonnée n’est jamais immuable. L’on peut fermer des pistes ou interdire des tunnels et des viaducs. L’utilisateur de ces chemins de randonnée le fait à son propre risque.

L’étang de la Capelle

Distance de marche : 8 km ; Temps de marche : 2:00
château, La Capelle

Contrairement au Canada ou en Suède, il y a très peu de lacs naturels dans le département du Gard. Cependant, il existe de nombreux autres phénomènes hydrologiques tout aussi intéressants que les lacs naturels. Par exemple, il existe de nombreuses sources (appelées “fonts” ou “résurgences”) où des rivières importantes émergent du sous-sol et des “pertes” où ces mêmes rivières disparaissent sous terre. Tout cela est dû à la roche calcaire karstique dominante qui favorise la formation de grottes, de cavernes, d’avens et de rivières souterraines.

Un autre phénomène moins fréquent est l’étang naturel, généralement assez petit. Près du village de La Capelle, cependant, il y a un étang naturel qui gonfle jusqu’à une taille considérable (jusqu’à 60 hectares) pendant la saison des pluies et redevient un lit de roseaux pendant la saison sèche. L’étang se trouve dans une dépression naturelle ou “impluvium”, avec plusieurs affluents et ruissellements provenant des collines environnantes mais aucun écoulement visible en surface.

Cette situation curieuse résulte de mouvements géologiques qui ont permis la formation du bassin sur une couche de calcaire dur couvert d’argile semi-imperméable. L’eau qui arrive dans l’impluvium ne sort jamais, sauf par infiltration vers la nappe phréatique. Les experts pensent que ce bassin alimente en eau un certain nombre de “résurgences” dans la région. Quelles que soient les théories, cet étang est un site exceptionnel et une rareté dans les garrigues environnantes.

L’étang de la Capelle en janvier 2015 après des pluies importantes d’automne

Au fil du temps, la population locale a également dû prendre des mesures énergétiques pour sauvegarder ce site. Parmi les projets de développement figurait l’idée de construire un canal de drainage et de convertir 40 ou 50 hectares de l’étang en terres arables – fertilité garantie bien sûr. Cela ne s’est pas produit et l’étang est aujourd’hui un site protégé Natura 2000.

Cette promenade débute à côté du château de La Capelle et s’achemine directement à l’étang où il y a des sentiers balisés et plusieurs panneaux d’information. Après l’étang, le chemin fait le tour de nombreux vergers d’abricots et de vignobles jusqu’à Masmolène. Dans les vergers on peut observer des tours antigel : structures à hélices destinées à brasser l’air dans les périodes de gel au printemps afin de protéger les cultures.  Le dernier tronçon traverse les villages, d’abord Masmolène et ensuite La Capelle. Au sommet de la colline de Masmolène, la chapelle de St Pierre vaut le coup d’œil. Et pour finir, le chemin de retour traverse une zone de chaos rocheux offrant plusieurs jolis points de vue (attention aux à-pics si vous êtes accompagné d’enfants).

La Flore du Clos Gaillard

Distance de marche : 7 km ; Temps de marche : 02:30

Le Clos Gaillard, situé près de Nîmes, a une histoire à raconter. Dès le troisième millénaire avant l’ère chrétienne, la région était occupée – peut-être par des chasseurs-cueilleurs, peut-être par des agriculteurs. Il subsiste des traces d’occupation humaine pour la plupart des périodes ultérieures de l’histoire. Vers 1400 après J.-C., le village de La Calmette cède la zone, soit 240 hectares, à la ville de Nîmes en échange d’un marché aux bestiaux. Le paysage calcaire ne pouvait pas supporter l’agriculture intensive, mais il existe des dépressions fertiles parmi les affleurements calcaires permettant la culture de vergers et de céréales. Des cabanes en pierre en forme de dôme attestent de l’occupation humaine.

orchis bouc

Le développement de l’agriculture moderne et le déplacement de la population vers les zones urbaines ont laissé le clos à l’état de forêt broussailleuse au milieu du XXe siècle. Puis vinrent les incendies – ici et là – intermittents. Après un incendie majeur en 1974, la ville de Nîmes a décidé de reboiser la zone. C’était peut-être une erreur, car en 1989, un énorme incendie a détruit environ la moitié de la forêt du Clos Gaillard et de nombreux hectares au-delà (plus de 600 au total).

Cette fois, la reconstruction de la zone a dû être repensée et le résultat est un parc paysager moderne, moins sujet aux incendies, avec plus d’espaces ouverts et de nombreuses caractéristiques ethnobotaniques. La zone contient des cabanes en pierre réhabilitées (appelées capitelles), plusieurs itinéraires de promenade balisés, des sylvetums comprenant une importante collection de variétés d’amandiers et de chênes, des points de vue, des vergers, quelques champs de céréales ou de lin, des expositions pédagogiques, etc. Beaucoup a été fait pour maintenir le site ouvert avec des allées coupe-feux et ainsi favoriser le retour de la flore endémique naturelle (ex bleuet, muflier sauvage, plantain etc.) dans ce milieu ouvert.

(Les notes ci-dessus sur l’histoire du site sont extraites de cette référence).

En ce jour de juin, nous ne nous attendions pas à voir beaucoup de nouveautés. Il s’agissait juste d’une balade pour profiter d’une belle journée de printemps. Nous avions l’habitude de parcourir ces itinéraires en hiver, mais c’était la première fois en juin. Nous avons été surpris, principalement par les nombreuses stations le long du parcours où de magnifiques orchis bouc se dressaient jusqu’à 80 cm de haut. Le reste de la flore étincelait également (toutes les photos ont été prises au Clos Gaillard en juin 2021).

Voici le détail du parcours et quelques points d’observation.

Promenade à Villeneuve-les-Avignon

Distance de marche : 10 km ; Temps de marche : 03:30

Le prieuré de Villeneuve-les-Avignon

Villeneuve-les-Avignon, sur la rive droite du Rhône devant Avignon, était devenu, à partir de 1290, un poste sur la frontière française face aux contrées à l’est du Rhône qui vouaient allégeance à la Sainte-Empire Romaine. En plus, le pape étant installé en Avignon peu d’années après, le roi de France souhaitait surveiller la situation étroitement. (Les papes et les rois de France n’étaient pas toujours de meilleurs amis !) Ainsi en 1292, Philippe le Bel signe la construction d’ouvrages de défense (la tour Philippe-le-Bel et le fort Saint-André). Ces constructions, préservées, marquent encore la physionomie de la ville.

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