Un journal régional, édition Gardoise, publie régulièrement des circuits de petite randonnée du département. Nous sommes à l’affût car notre club de rando sort tous les vendredis entre mi septembre et fin mai pour faire une petite rando de 9 à 12 kilomètres.
Malheureusement il ne faut pas penser que tous ces circuits sont sympas ou intéressants. Parfois j’ai l’impression que l’on publie un circuit juste parce que le village n’as pas eu assez visibilité dans la presse.
Un circuit publié récemment part de Boissières pour une boucle d’environ 11 km. Nous l’avons essayé en juillet en repérage.
Conclusion du repérage : le circuit est contre-indiqué pour plusieurs raisons :
La description du circuit propose de partir du parking de l’école du village. Or ce parking étant réservé pour les personnes fréquentant l’école, on fait quoi entre début septembre et fin juin ?
Le circuit emprunte des routes passantes et étroites – en particulier à l’approche du pont de Bizac.
Beaucoup de camions traversent le hameau de Pont de Bizac sur une route étroite. Les habitants s’en plaignent même.
Le circuit longe l’autoroute A9 sur un kilomètre. A part le bruit de la route, cela oblige de constater que les conducteurs jettent toujours beaucoup d’emballages par la fenêtre. Ceux-ci se trouvent en quantité impressionnante sur le bas côté.
On ne passe pas près du château de Boissières, seul point d’intérêt éventuel de ce circuit:
Il n’y a presque pas d’ombre même dans les passages en forêt.
Nous avons même coupé court pour limiter le désagrément et fonction de ces inconvénients, nous n’irons sans doute pas une seconde fois.
Faut donc pas croire tout ce qui est écrit dans la presse sur le sujet de la rando.
Distance de marche : 12 km ; Temps de marche : 04:00
Dans le sud méditerranéen, on parle de pont du diable. La construction d’un pont au Moyen Age était souvent associée à une légende à l’effet que le diable empêchait de construire le pont jusqu’à ce que quelqu’un pactise avec lui.
Mais à Corconne il s’agit de pont du hasard, une arche naturelle au fond d’une combe qui fait le plaisir des randonneurs. S’il ne manque pas de ponts du diable, il ne manque pas non plus des arches naturelles dans cette région (ex le pont d’arc en Ardèche, le ravin des Arcs dans l’Hérault). Cependant le pont du hasard est le seul que je connais qui n’enjambe pas une rivière.
le pont du hasardles marche-piedsle balconvue du hautla main courante
Depuis quelque temps le parcours sous l’arche est équipé de prises de main et de marche-pieds ancrés dans le rocher. Mais il ne faut pas croire qu’il s’agit d’escalade. On monte dans un ravin étroit et assez pentu mais finalement pas difficile et surtout pas vertigineux.
le chaos rocheuxvue sur Corconnefalaises de la combe
Le pont du hasard est le premier point d’intérêt sur ce circuit. Le second est le point de vue depuis le château/chapelle sur un promontoire surplombant le village d’environ 135 m. Le troisième point d’intérêt est le chaos rocheux entre le point kilométrique 2.5 et le P.K. 3.0.
Ensuite en sous bois ou sur les DFCI le chemin devient assez monotone. Autour du P.K. 5 il y a des vues au nord sur les contreforts sud des Cévennes et la ville de Saint-Hippolyte-du-Fort. Et finalement autour du P.K. 9 de belles vues vers le sud et le vignoble de Corconne.
Dans la région Languedoc/Cévennes les chaos rocheux sont très présents. On pense au site de Montpellier-le-Vieux prés de Millau, le cirque de Mourèze dans l’Hérault, le bois de Païolive près des Vans dans le Gard. Pour être les plus connus, ce sont loin d’être les seuls. Sur des promenades dans le Coutach près de Sauve, sur plateau du Granzon à Banne, près de la grotte de la Cocalière, ou sur le plateau des Gras en face de Balazuc on chemine souvent dans ces paysages étranges.
le Vidourle et l’écoulement de la fontainel’écoulement de la fontainele vieux villagel’écoulement de la fontainel’écoulement de la fontaine
La mer des rochers près de Sauve est un chaos rocheux avec une histoire d’exploitation agricole. Comment exploiter ? Il faut épierrer les (rares) cuvettes, ajouter des murets par-ci et là pour retenir la terre. Puis planter. A la mer des rochers – très accessible depuis les hauteurs du vieux centre du village – l’exploitation a été intense jusqu’au 19e siècle puis abandonnée progressivement par la suite. Il ne reste que les murets, les portails sans porte, et les chemins de randonnée. Témoin de la richesse passée il y a aussi un castellas et le château de Rocqueviaire (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Roquevaire
Pour ce petit circuit nous laissons le voiture dans le parking au bord de la D999 en contrebas du vieux village de Sauve et partons d’abord à la découverte de la fontaine et du vieux village.
bâtiment nobletour de Môlela montée au plateau
La « fontaine » mériterait un article à elle toute seule. Il s’agit d’une rivière qui jaillit au pied d’une barre rocheuse. Cette rivière, ce sont les eaux de la Vidourle qui coule en contrebas. Ces eaux ont pris un chemin détourné dans le sous-sol calcaire depuis la « perte » du Vidourle près du château ruiné de la Roquette (St-Hippolyte-du-Fort). Néanmoins le jaillissement varie avec les saisons. En février 2025 après les fortes pluies du début de l’année, la fontaine coule et gronde. Mais en été la fontaine peut être très calme.
un pilier de portailun pilier de portailMarque de l’heure du cadran solairecadran solaire
Ensuite on aborde la montée à travers le vieux village où on peut observer différentes édifices, là aussi, témoins de richesse passée (hôtel de la monnaie, mairie, tour d’horloge).
En haut du village un chemin d’abord en calade mène en lacets au plateau. Ce jour nous avons fait la boucle en sens inverse en partant à gauche a la premiere intersection sur le plateau. En suivant le circuit on peut observer le château de Rocqueviaire, puis l’aven de Sauve (attention aux abords – gouffre non clôturé). Ce jour nous n’avons pas pu nous rendre à la Grotte de Diou-lou-Garde car le propriétaire a posé une chaîne à travers le chemin. Oui il y a toujours des propriétés privées dans la mer des rochers. Jusque-là les chemins sont assez faciles.
murs d’épierrement et Roqueviairemurs d’épierrementque des rochersrelief d’érosionChaos rocheuxChaos rocheuxChaos rocheux
Au dernier quart de la boucle cependant, après avoir observé le cadran solaire, on crapahute péniblement à travers le chaos rocheux en mettant souvent les mains pour grimper ou descendre.
Et pour finir on redescend à travers le vieux village pour retrouver la voiture.
Distance de marche : 10.4 km ; Temps de marche : 4h
De Fontvieille dans les Bouches du Rhône on connaît surtout les moulins : le moulin de Daudet en particulier. Ce moulin ne lui a jamais appartenu mais il s’en est inspiré dans ses écrits. En fait Daudet séjournait fréquemment au Château de Montauban tout près de ce moulin et le connaissait certainement.
Pour ce circuit cependant c’est plutôt un autre moulin qui attire l’attention et fascine.
Il s’agit du moulin ou la meunerie de Barbegal – sur la commune de Fontvieille et quelque 3 km au sud des moulins à vent de Fontvieille. La meunerie de Barbegal était un moulin à céréales datant de l’époque romaine et utilisant l’eau comme force motrice. Pour apporter l’eau les romains ont construit des aqueducs tantôt souterrains, tantôt aériens. Une branche puisait l’eau au nord des Alpilles prés d’Eygalières et longeait le côté nord du massif par Saint-Rémy-de-Provence puis Fontvieille. Cette branche de l’aqueduc contourne ensuite le petit massif de Fontvieille par l’ouest pour revenir vers l’est et le site de la meunerie. Un second aqueduc apportait l’eau du secteur du Paradou et Maussane. Ces 2 aqueducs se rejoignaient à quelque 400 m au nord du site de la meunerie. En continuation, deux aqueducs aériens en parallèle apportent l’eau à travers un petit vallon sur une distance de 300 m pour arriver au sommet de la colline sur laquelle se situe la meunerie. Là au sommet, une brèche taillée dans le rocher permet de faire arriver l’eau au versant sud de la colline où il y avait pas moins de 16 moulins (deux par niveau sur huit niveaux et un dénivelé d’environ 25 m). Côté moulin, l’eau, dérivée en 2 canaux, actionnait les roues à aube des moulins.
vestiges de l’aqueducvestiges de l’aqueducvestiges de l’aqueduc
Des 2 aqueducs en parallèle il reste de beaux vestiges. De la meunerie il ne reste plus grande chose – juste assez pour alimenter l’imagination.
vestiges de l’aqueduc
Pourquoi 2 aqueducs ? Celui du côté ouest est dérivé juste avant le moulin par un canal qui dessert Arles (distant de 7 km). Celui du côté est alimentait le moulin. A l’arrivée devant le moulin on voit des vestiges d’un système de régulation qui permettait certainement de prendre l’eau d’Arles ponctuellement pour le moulin et de basculer l’eau du moulin vers Arles dans les périodes de fermeture.
Il semble évident que ce moulin ne pouvait pas fonctionner toute l’année car il n’y aurait pas eu assez de céréales puis l’entretien devait poser un problème à cause des accrétions de calcaire dans les canaux.
moulins de Fontvieillemoulins de Fontvieillemoulins de Fontvieille
Des chercheurs ont estimé que ce moulin pouvait développer une puissance équivalente à 50 kw. Ce serait même le plus grand déploiement de force hydraulique connue du monde antique.
Pour ce circuit nous laissons la voiture au croisement de la D82 et la route de Barbegal (lieu dit la Croix de Jousseaud). Il est également possible de laisser le véhicule au parking de l’aqueduc romain quelque 400 m plus loin sur la D82. La première partie du circuit va à la chasse de vestiges de l’aqueduc venant d’Egalières et Saint-Rémy. On trouve des tranchées, quelques entrées de canal souterrain et quelques petits aqueducs. Sur certaines sections on a l’impression que les aqueducs se développent sur des centaines de mètres en souterrain. Après quelques kilomètres le sentier bifurque vers le nord pour se rendre aux moulins à vent de Fontvieille. Sur ce circuit on peut en voir 4 (celui de Daudet, le moulin Roucou et 2 autres). Après le secteur des moulins nous repartons vers le sud pour retraverser le petit massif de Fontvieille sur des chemins bien entretenus et arrivons au canal de la Vallée de Baux. En février le canal est vide pour entretien – la mise en eau s’effectuant vers le début mars. Après avoir longé le canal, nous traversons ensuite la D82 pour se diriger au sud puis à l’ouest pour arriver au pied des vestiges de la meunerie. D’ici il faut grimper sur les cailloux et les dalles de calcaire pour atteindre le sommet et la coupe taillée dans le rocher pour le passage de l’eau. Au delà, les restes des 2 aqueducs se dévoilent.
la meuneriela meuneriela meuneriela meuneriela meunerie
Il ne reste plus qu’à prendre quelques photos et renter à la voiture.
Une mise en garde cependant. Si vous ou vos compagnons de marche ont des problèmes d’équilibre, il est conseillé d’attaquer la visite de la meunerie en arrivant côté nord depuis les aqueducs. L’escalade de la colline de la meunerie dans les ruines et sur les dalles de calcaire inclinées nécessite un pied sûr.