Sur le flanc sud-ouest de Mont Lozère, un plateau calcaire d’environ 10 km carrés connu sous le nom de la “Cham des Bondons” relie le socle granitique du Mont Lozère au plateau calcaire du Causse de Sauveterre plus à l’ouest. La Cham présente plusieurs points d’intérêt.
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- Le plateau est parsemé d’environ 150 menhirs, des monolithes de granite, la plus grande accumulation de ces pierres levées du sud de la France. Avec le temps, beaucoup de ces menhirs ont été couchés mais plusieurs sont encore debout (ou ont été remis debout). Les prédicateurs de la foi chrétienne n’aimaient pas trop ces symboles d’un autre temps et d’un paganisme soupçonné et les ont parfois couchés pour marquer la supériorité de leur foi. En outre, ces monolithes en granite n’ont pas pu être extraits de la Cham qui est en pierre calcaire. Ils ont été taillés ailleurs, sans doute sur le Mont Lozère à l’est, et transportés à la Cham. La raison d’être de cette densité de menhirs n’est pas connue. Symboles de culte préhistorique, balisages de chemins, qui sait… ? On ne sait pas pourquoi des peuples anciens auraient fait tous ces efforts. Cela reste un mystère tout en étant un héritage culturel de première importance.
- Une petite rivière dont la source se trouve sur le versant nord de la Cham – le Bramont – porte la distinction d’être affluente à la fois de deux rivières majeures de France. Dans son cours sur le versant nord de la Cham, une partie des eaux du Bramont disparaissent dans un gouffre pour ressortir sur le versant sud. Le Bramont est donc affluent rive gauche du Lot par le versant nord et affluent rive droite du Tarn par le versant sud. Ce phénomène est connue de longue date dans une région où il n’est pas inhabituel de voir une rivière disparaitre sous terre et resurgir. Dans le cas du Bramont, il y a eu des disputes concernant le partage des eaux, des tentatives de boucher le gouffre et pour finir, une décision ministérielle en 1869 qui a réglé le partage des eaux. Cette décision est toujours en application !
- Sur la Cham, deux collines de marnes grises en forme de mamelons, très visibles de loin, sont frappantes par leur similarité. Assises sur le plateau à environ 1180 m d’altitude, leurs sommets sont à environ 1220 m. La ressemblance a des formes féminines a, on s’en doute, favorisé des légendes de fertilité. Un lien avec les menhirs ? Chaque colline porte un nom – le Truc des Bondons et le Truc de Miret – et elles sont connues collectivement comme les Puechs.
- Près des Puechs, une autre colline attire l’attention par sa curieuse forme en dos d’âne, ce qui donne d’ailleurs son nom – Eschino d’Azé, ou Eschine d’âne – des noms puisés dans les anciennes langues de la région – Occitan ou Languedocien.
- Sur le versant sud, presque sous le Truc des Bondons et juste au-dessus du hameau de Malaval, on voit une ouverture de la caverne de Malaval. Des spéléologues ont pu explorer cette caverne sur environ 12 km sous terre ce qui fait la plus longue exploration de cavité de la région. Comme on est en massif calcaire, des eaux souterraines coulent forcément dans cette caverne et on pense que la caverne a été, autrefois, le passage du Bramont pour apporter une partie de ses eaux sur le versant sud. Une exploration de la caverne.
Cette randonnée commence sur un petit parking isolé près de la base du Truc des Bondons et longe la base des 2 puechs avant de passer derrière l’Eschino d’Azé et au sommet de ce dernier. Sur le sentier, une vue plongeante à droite permet de voir la vallée du Bramont (Tarn) où se trouve la résurgence. Du haut du dos d’âne, par une journée de bonne visibilité, on voit facilement le sommet du Mont Lozère, les plateaux des Grands Causses à l’ouest et le mont Aigoual plus au nord. Après le sommet, la piste longe le côté ouest de l’Eschino, pour le contourner par le sud et amorcer une descente rapide sur le village de Malbosc. Après Malbosc, il faut exercer ses mollets pour la longue remontée par le charmant hameau de Malaval jusqu’au voitures stationnées sur la Cham à 1180 m d’altitude.
Les cartes
Notes
(1) le profil altimétrique indique que cette randonnée débute à une altitude de 1400 m. C’est faux. Le circuit commence et finit au même endroit à environ 1180 m. C’est un exemple de l’obligation de calibrer le Garmin GPSMap 64s au début de la journée car l’appareil peut prendre (souvent) une heure pour trouver la bonne altitude, avec le résultat que tout calcul de dénivelé cumulé est impossible.
(2) Dans le Gard, tout le monde connait le mot “puech” signifiant colline. En Lozère, par contre, ils est plus fréquent de voir le mot “truc” à la place – ces deux termes venant du vieux français.