Les plans inclinés de Portes

information panel at les Pinèdes
diagramme schématique

Charbon, vallées minières, hommes d’affaires et ingénieurs

L’histoire des « plans inclinés » commence vers 1854. L’extraction du charbon était déjà en cours dans le bassin d’Alès et l’on trouvait du charbon dans plusieurs localités, y compris à La Vernarède – un village hors des grands axes et à l’ombre du château de Portes. Le village était au centre de l’activité d’extraction avec plusieurs gisements de charbon situés dans la vallée des Broussos, affluent de la Luech. Extraire le charbon de la terre est une chose, le sortir de la vallée en est une autre.

Les plans inclinés

Au début des années 1850, les routes étant mauvaises, il n’y avait pas de moyen facile pour acheminer le charbon de La Vernarède à Alès. Il fallait donc une certaine créativité. Entre Jules Mirès, un industriel de Marseille, qui a acheté la compagnie des mines de Portes et Sénechas et a entrepris de construire un système de voies ferrées de roulement, de treuils et de plans inclinés pour transporter le charbon par 2 cols et une large vallée intermédiaire au terminus du rail à La Lévade dans la vallée du Gardon.

Péreyrols
Péreyrols

Mirès a fait installer un premier treuil à vapeur à Pourcharesses pour tracter les wagonnets chargés de la gare de la Vernarède à un plan à la mi-côte à Pourcharesses. Ensuite à Péreyrols, sur la crête au-dessus de La Canebière, un second treuil à vapeur fut logé dans une grande bâtisse et tractait les wagonnets de Pourcharesses à la crête. De Péreyrols, par un savant emploi des pentes naturelles, les wagonnets se déplaçaient vers la vallée des Pinèdes par roulement gravitaire. Ensuite, sous la tour des Pinèdes, position dominante, Mirès a installé un système complexe de câblage et de contrepoids permettant aux wagonnets chargés de descendre les plans inclinés tout en remontant des wagonnets vides. Une tour d’observation aux Pinèdes (toujours debout) permettait de surveiller l’opération. Deux diagrammes schématiques affichés à la tour des Pinèdes expliquent le fonctionnement et permettent de constater la complexité du système. Cette partie du système de transport ne faisant appel qu’au roulement gravitaire s’appelait “plan bis-automoteur”. Pour compléter le trajet entre la tour des Pinèdes et la gare de la Lévade, il y avait 2 plans bis-automoteur en succession, le premier contrôlé depuis la tour des Pinèdes et le second depuis la tour de Simonet plus bas. l’ingénieur de ce système était Paul-Adrien Bourdalouë, qui avait également travaillé sur le canal de Suez.

Du belvédère à la tour des Pinèdes, jusqu’en 2014, il était encore possible de voir le trajet de certains plans inclinés à travers la vallée car la végétation n’avait pas encore effacé les traces. En 2017, les pins en contrebas des vestiges ont pris de la hauteur et il n’est plus possible de voir les traces des voies en contrebas. Il est toujours possible, par contre, de voir la tour de Simonet, point de contrôle du second plan bis-automoteur.

Autres vestiges visibles

  • Les tours des Pinèdes et de Simonet sont debout et en bonne condition suite aux récents travaux de rénovation entrepris par la commune de Sainte-Cécile-d’Andorge.
  • A Pereyrols, le bâtiment qui a logé un des treuils à vapeur est debout mais en mauvais état.
  • Entre Pereyrols et la tour des Pinèdes, sur la route forestière, nous avons trouvé des vestiges d’un plan incliné descendant.
  • À La Vernarède, l’ancienne gare (en ruine), quelques restes de maçonnerie des rampes et des entrepôts sont visibles.
  • A Pourcharesses, l’ancien siège d’administration de l’entreprise, jolie construction en brique, existe encore et a été converti en hôtel de charme.
  • Sur la route principale à la Canebière, des vestiges très visibles du plan de roulement entre Pourcharesses et Péreyrols, se trouvent de part et d’autre de la route principale. Certains arcades entre les piliers du viaduc sont occupés par des garages.
  • Environ 100 m plus loin vers Portes, dans les ronces et à l’écart de la route, j’ai trouvé d’autres vestiges de plans de roulement. Ces derniers ne sont pas documentés dans les différentes sources consultées et ne faisaient peut-être pas partie du système de Mirès. L’axe des voies de départ indiquent une arrivée de rampe à la cheminée Werbrouck à Pourcharesses. Par contre, il semble que cette cheminée, dernière vestige d’un grand four à coke, aurait été construite après l’abandon et démontage des plans inclinés et n’avait pas de lien avec ceux-ci.
freinage des rames
freinage des rames

Fin de la partie
Environ 8 ans après le début des opérations de ce système, le chemin de fer est arrivé à Chamborigaud près de La Vernarède. Mirès a obtenu la construction d’une extension de ligne privée de Chamborigaud à La Vernarède et dès l’achèvement en 1867, le réseau des plans inclinés a été abandonné en faveur du nouveau chemin de fer (et ensuite largement démonté).

Ce système de roulement était dangereux, exigeant par exemple que les hommes montent sur les rames pour manipuler les freins. Beaucoup ont été tués et ce fut certainement une raison de plus pour abandonner ce système rapidement.

Photos

Localisation des sites

Tracé et profil altimétrique (approximatif) du trajet de wagonnets chargés











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