Cette randonnée commence sur la route de Camperigous à Saint-Sebastien d’Aigrefeuille au parking en contrebas de la mine de Carnoulès et juste avant de longer la rivière Amous. Nous commençons par une jolie promenade le long de l’Amous où coule, en ce mois de février, une eau limpide. Cette petite rivière est un affluent rive gauche du Gardon d’Anduze et traverse, en aval, le jardin de la Bambouseraie, renommé pour ses bambous géants et son jardin japonais.
Le chemin de randonnée longe la rivière un certain temps avant de quitter la vallée sur la rive gauche et de monter progressivement vers une série de hameaux de montagne. Après le passage des hameaux (lieu-dit les Puechs) le sentier monte de façon continue le long d’une crête montante d’où nous disposons de beaux panoramas vers le cœur des Cévennes et le mont Aigoual. Au bout de cette crête montante nous arrivons sur une seconde crête au nom de la crête de Moncalm qui sépare les vallées du Gardon d’Anduze et du Galeizon. Cette nouvelle crête, tout en commençant près d’Alès s’étend de façon plus ou moins continue jusque au col de Jalcrest sur la ligne de partage des eaux Atlantique – Méditerranée. Si on tournait à gauche à la jonction de ces 2 crêtes, on aura le loisir sur environ 25 km d’apprécier des vues plongeantes sur la vallée Française, la vallée Longue et la vallée du Galeizon. Mais cette fois nous partons à droite vers Alès et nous apprécions maintenant les beaux points de vue vers le nord et le Mont Lozère. Le sentier ne présente pas de difficulté à l’exception d’un passage où l’on doit descendre sur des rochers et une pente raide. De temps en temps il faut mettre les 2 mains pour se stabiliser car il y a un vide important sur la gauche de la piste.
Éventuellement on arrive à un col avant de tourner à droite et redescendre par des DFCI et des routes de montagne vers le joli village de Carnoulès.
Après Carnoulès, le paysage devient plus sinistre : peu de végétation (sauf des grands pins), témoignages de excavation et écoulements d’eau dans les fossés de couleur peu ragoutante. C’est la mine de plomb de Carnoulès, abandonnée depuis le milieu du 20e siècle. La mine devait être exploitée aux temps très anciens, mais des exploitations documentées ont eu lieu au 17ème puis à nouveau à partir des années 1830. La mine est passée par des hauts et des bas, regains d’activité dues aux guerres, baisses d’activités en période de prix bas, pour être fermée définitivement vers 1963. A un moment, cette mine était même la plus grande mine de plomb de France, ni plus ni moins. Toute personne qui aurait lu un peu sur le sujet des mines de plomb sait que ce métal est associé avec de l’argent, de l’arsenic, du cadmium et du zinc. Les restes après extraction du minerai, les stériles selon l’euphémisme, ont été stockées dans des bassins de décantation en contrebas de la mine dans la vallée du ruisseau du Reigous – affluent rive gauche de l’Amous. C’est plus qu’évident que ces stériles contient des métaux lourds et de l’arsenic, mais on peut lire sur certains reportages que la pollution n’a été découverte en 2007 ! Les mineurs sont partis, et la mine est un abandonnée, mais il pleut toujours en Cévennes, les fameux épisodes cévenols. Un exemple : lors d’un épisode de pluie en 1976, les digues de terre n’ont pas pu retenir les stériles en place et environ 300 000 t de boues ont descendu la vallée pour polluer tout sur leur passage puis rejoindre l’Amous. Un documentaire (Pièces à conviction) est passé à la télé française en 2016 pour dénoncer l’état d’abandon de la mine de la Croix de Pallières, au limites des communes de St Félix de Pallières et de Thoiras, et a passé sous silence la mine de Carnoulès où la situation semble, pourtant, être la même. Il semblerait que les révélations de ce programme ont surpris le grand public. Jusqu’alors personne en dehors de la zone ne semblait s’émouvoir de la pollution des cours d’eau ou du fait qu’on cultive un potager sur ses terres au risque d’ingérer arsenic et métaux lourds, ou encore du fait que, si on veut quitter la zone, sa maison est invendable. Pour la mine de Carnoulès, il semblerait que divers études de toxicité sont en cours, mais en ce mois de février 2017, je n’ai pas vu des efforts de nettoyage en cours ni même des affiches d’avertissement. C’est à peu près certain que la situation dans la vallée de l’Amous est identique à la situation à la Croix de Pallières.
Apparemment, les habitants de la vallée de l’Amous ne meurent pas comme des mouches, puis les grands pins dans la mine semblent prospérer sur ces terres très acides. Peut-être que écosystème s’en accommode et apprend à vivre avec.
En février 2014 lors de mon premier passage, je n’ai pas pris de photos. En février 2017, j’ai pris quelques unes (voir ci-dessous). En partant de la zone en voiture, on passe sur un pont tout près de la confluence de la Reigous et de l’Amous. A cette endroit, on voit l’eau clair de l’Amous d’amont, se mélanger avec les eaux vertes et rouges de la Reigous. On peut se demander, si la toxicité se rend jusque la, comment les bambous de la Bambouseraie apprécient l’arsenic et le cadmium dans la nappe phréatique. Et quel toxicité pour l’eau de la commune de Générargues en amont de la Bambouseraie ?
Documentation sur ce circuit dans le topoguide “Les Cévennes” publie en 2005 par Chamina (voir circuit no 2 sur la page 43).
Liens et infos supplémentaires sur la mine de Carnoulès :
- note in the French government database on polluted soils
- Orema – observatory, pollution monitoring
- photos
- note from the Parisien – a french daily newspaper
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- Et sur les mines de St Félix :